top of page

Ci-gît

d'après Frank McGuinness et Sue Glover

Frank McGuiness (1953-____) est un écrivain et poète irlandais. McGuiness a fait ses études à l’University College de Dublin, où il étudie l’anglais et les études médiévales.

Il enseigne tout d’abord la linguistique et l’art dramatique à l’Université d’Ulster, les études médiévales au University College de Dublin et l’anglais à la National University of Ireland à Maynooth. Puis il est invité en résidence en tant qu’écrivain conférencier à l’University College de Dublin, avant d’obtenir la chair de professeur de Creative Writing in the School of English, Drama and Film au University College de Dublin.

Il se fait connaître avec sa pièce The Factory Girls, mais sa réputation est venue grâce à sa pièce sur la Première Guerre Mondiale, Observe the Sons of Ulster Marching Towards the Somme, qui fut mis en scène à Abbey Theatre de Dublin mais aussi à l’étranger.

La pièce lui a fait sa renommée quand il l’a joué à l’Hampstead Theatre,. Il gagne des nombreux prix dont le Prix de l’écrivain de plus prometteur aux London Evening Standard en 1985.

Il a aussi écrit de nouvelles versions de drames classiques, y compris les œuvres d’Henrik Ibsen ou d’Anton Tchekhov, et d’Euripide, en réadaptant les traductions. En outre, il a écrit le scénario de film Dancing at Lughnasa adapté de la pièce de son compatriote irlandais Brian Friel.

La pièce est inspirée de Regarde les fils de l'Ulster marchant vers la Somme. Danse de mort : huit hommes, fils des six comtés de l’Ulster, tous de religion protestante, ressuscitent dans le souvenir de celui qui seul survécut au désastre des bords de Somme, à l’aube du 1er juillet 1916.

L’homme s’était pourtant engagé pour mourir. Servir Dieu ou la patrie lui importait peu, seule sa jeunesse déchirée, une morsure à laquelle enfin se soustraire. Et sans doute a-t-il laissé une part de son être au champ de gloire, « Le dernier combat. Je suis mort ce jour-là avec vous. », fantôme lui aussi désormais, à l’égal de ceux qu’il convoque aujourd’hui.

Dans l’entrelacs de la mémoire, le passé est une toile toujours plus complexe. Indéfiniment se mêlent les faits et leur inévitable légende. Le travail de l’imaginaire donne corps et parfum à l’existence de chacun, espoirs, désirs, douleurs, craintes. La fiction s’évade librement de la boue des tranchées et rejoint l’île natale : là-bas le foyer véritable, terre et ciel plus familiers qu’une chambre.

Les ressources du théâtre, la représentation grotesque d’une ancienne bataille des guerres civiles irlandaises, achèvent de rapprocher ceux que la naissance ou les convictions semblaient parfois séparer et que la mort, bientôt, confondra.

Sue Glover (1943-___) est né à Edimbourg. Elle écrit pour la radio, la télévision et le théâtre. Ces travaux théâtraux comprennent plusieurs pièces, The Seal Wife, The Bubble Boy, The Straw Chair et Sacred Hearts.

The Bubble Boy a été joué pendant la saison d’ouverture du Glasgow Tron Theatre et a été plus tard télévisée et a gagné des prix, tant au New York Film and Television Festival qu’au Chicago International Festival.

The Straw Chair a ouvert la saison du 25ème anniversaire du Traverse Theatre.

Bondagers a gagné le premier prix au London Weekend Television’s Plays on Stage Awards en 1990.

Elle a été récemment nommée membre de l’Association pour les études littéraires écossaises.

La pièce est inspirée de Asservies. L’histoire met en scène six femmes travaillant dans un domaine agricole, en Ecosse, à la fin du XIXème siècle, au moment où l’industrialisation de l’agriculture n’a pas encore lieu. Son intrigue en est très simple et prend pour prétexte le passage de l’enfance à l’âge adulte de l’une des six ouvrières, sur fond d’histoire d’amour tragique.

L’action se déroule à Blacksheils, de la région des Borders. Cette ferme est une partie d’un vaste domaine agricole dont le propriétaire est un aristocrate. Chaque ferme composant le domaine est dirigée par un maître à qui est concédé le fermage, reconductible chaque année. Chaque maître emploie un régisseur pour la conduite des travaux agraires. Chaque régisseur a sous ses ordres des valets de ferme, sorte de prolétariat agricole qui compose la main-d’œuvre première travaillant aux champs. Les valets de fermes emploient des ouvrières pour la saison agricole. Elles se louent à la foire de Louage, qui a lieu chaque année le premier lundi de février. Cette foire de Louage est une sorte de « marché aux esclaves » des temps modernes.

Pour nous, à présent, ces femmes sont des fantômes, oubliées, exploitées à bas prix dans les champs, faisant le travail des hommes absents, émigrés, partis faire fortune en Amérique, ou morts à la guerre. Elles ont été sacrifiées a donné la vie à ce que nous voyons aujourd’hui. Elles sont les symboles de la continuité du monde. Leurs voix sont autant d’échos de la situation des femmes.

Asservies est une pièce sur la disparition des êtres et des choses, visibles ou invisibles qui marquent l’idéal de notre monde cruel. Au fond, peut-être parle-t-elle de la marche de l’humanité, avec son lot de disparitions et de renouvellements, son progrès technique et l’écrasement de l’individu, ses résistances et ses forces de vie aussi. Le monde tel qu’il avance aujourd’hui, vu par le prisme métaphorique d’hier.

bottom of page